Ou comment faire face à une période de transition tout en découvrant sa passion
Les périodes de changement ou de réajustement sont intenses, fortes en questionnement, souvent synonyme d’instabilité ou même de déprime. Elles peuvent durer plus ou moins longtemps, en réalité, elle dure aussi longtemps que l’on en a besoin afin de passer à l’étape supérieur dans nos vies. Elles émanent d’un besoin de changement profond. Lorsque tout s’effondre, il faut inévitablement tout reconstruire un par un.
On ne sait jamais où, quand, ni comment ces épreuves peuvent frappés. On peut toutefois tenter de se préparer mentalement en prenant continuellement soin de notre mode de vie. Lorsqu’on passe par ces épreuves il est souvent question de se laisser le temps, de faire une bonne pause, de nous écouter et de continuer d’avancer avec davantage de conviction en nos aspirations.
Dans ce portrait, Ashley Moponda, partage avec nous son parcours et sa passion : la photographie, ces conseils pour faire face à ces périodes stressantes, et pour oser explorer son talent. Plus que des mots d’encouragement ce portrait est porteur d’un message authentique qui j’en suis certaine résonnera avec beaucoup d’entre nous.
Pour en découvrir plus sur son univers: https://www.ashley-moponda.com/
Bonjour Ashley. Présentes toi un peu. D’où viens-tu ? Qu’est que tu fais actuellement ?
Bonjour, je m’appelle Ashley Moponda je suis une photographe originaire du Congo (Kinshasa). Je suis née en Suisse au début des années 90. Mes inspirations proviennent principalement de la culture africaine et de sa diaspora.
En effet, dès mon plus jeune âge j’ai été baignée dans la culture afro-américaine que ce soit à travers la musique, les films ou la mode tout en grandissant au sein d’une famille africaine dont j’ai gardé certaines traditions telles que la langue qu’on parle en famille. La nourriture africaine fait aussi partie de ma vie, particulièrement les beignets qui sont un délice pour mes papilles ! (Rires) Ces cultures tiennent une place particulièrement importante dans mon art. L’Afrique m’a toujours intéressée, à présent je pense diriger mes travaux vers ce continent et sa diaspora.
Au quotidien, il est impératif pour moi de trouver un équilibre dans tout ce que je fais. Il est important de me retrouver dans mes faits et gestes. Par exemple, je n’ai pas de télévision lorsque je rentre à la maison je prends du temps pour moi, je fais des choses que j’aime. Cela va de pair avec mes projets, pendant longtemps j’ai été au service des autres avec un besoin de me rendre utile, aujourd’hui je souhaite plus penser à moi et à mes envies qui ne cessent d’évoluer.
Tu as découvert ta passion pour la photographie lors d’une phase de transition, un moment de changement dans ta vie. Parles-moi un peu de cette période. Que traversais-tu?
En effet, la photographie est arrivé à un moment de transition car j’étudiais en France, j’étais en dernière année au lycée. Suite à des soucis de santé, du jour au lendemain, j’ai dû tout quitter et revenir en Suisse et cela a été difficile car j’ai dû me recréer une vie, me refaire des amis, trouver un boulot et ensuite me former. Je n’avais d’autres choix que de tout reconstruire à zéro, dans un espace que je devais apprivoiser.
Une partie de ma guérison s’est trouvée dans mon désir de vouloir être active. J’ai cherché des moyens de me rendre utile tout en explorant mes intérêts. Je n’avais rien à perdre à ce moment. L’art s’est trouvé au milieu de tout cela, à l’époque je m’intéressais beaucoup à la mode et c’est par ce biais là que j’ai découvert la photographie.
Comment t’es tu distancé de cet état d’esprit improductif? Comment es tu sortie grandie de cette épreuve?
Étant quelqu’un d’active depuis toujours, il était difficile pour moi de devoir rester au lit sans rien faire. De plus, je ne souhaitais plus que l’on me voit comme quelqu’un de malade. Le milieu associatif de ma ville, Lausanne, m’a beaucoup aidé. Dans une association tu peux acquérir de l’expérience sans diplôme, te sentir utile et j’ai eu l’opportunité de tomber sur une bonne communauté.
Aujourd’hui j’ai de l’expérience dans le domaine théâtrale, musicale et dans les médias. Se sentir utile, faire ce que l’on aime, ou trouver ce que l’on aime, tout en étant bien entouré tous ces éléments ont contribué à ma guérison et m’ont aidé à me relever. Savoir pourquoi on se lève le matin, favorise la santé mentale et le physique suit, tout cela accompagné d’une bonne hygiène de vie bien entendu. Aujourd’hui, je suis guérie et je ressors heureuse et grandie de cette épreuve.
Comment ta passion pour la photographie t’a aidé à affronter cette épreuve ?
Je me suis concentrée sur ce projet en me donnant à fond. Dans un premier temps, j’ai été bénévole dans une télévision locale, ensuite j’ai travaillé pour un webmagazine en tant que photographe et journaliste. Cela m’a permis de découvrir un monde nouveau, de réaliser un rêve en oubliant même mon état de santé. Je ne me considérais plus comme malade mais comme une jeune fille en phase de guérison, une jeune fille qui a un but, qui a de l’avenir, c’est ce qui m’a aidé.
Autodidacte, je me suis principalement formée sur le terrain. Le fait de rencontrer des gens de divers horizons, d’avoir eu de bonnes et mauvaises expériences m’ont forgé un caractère. Aussi, j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont accompagné, aidé et dirigé cela n’a pas de prix, je leur en serai toujours reconnaissante. La photographie a été un tremplin dans ma vie non seulement à travers le processus de création artistique mais également à travers la communauté que cela m’a apporté.
Quel serait ton principal conseil à quelqu’un qui se trouve dans une phase de transition ou vis un moment instable?
De se poser les bonnes questions et surtout d’aller à la quête de soi, de ce que la personne désir vraiment, de profiter de ce temps pour se diriger vers un chemin peut être plus en accord avec soi puis de se donner les moyens d’y arriver!
Il y a cette citation de Paulo Coelho que j’aime beaucoup :
“ C’est justement la possibilité de réaliser un rêve qui rend la vie intéressante”.
Peux-tu me parler de ta philosophie en tant que photographe?
Dans mon travail, j’essaie d’être au plus proche de la réalité. Il est important pour moi que l’on puisse voir ce qui s’est passée, ce que j’ai ressenti à un instant. C’est pourquoi, je n’utilise pas Photoshop je ne retouche pas mes photos je les améliore. Lorsque l’on me mandate pour un projet, dans un premier temps j’apprends à connaître la personne à savoir ce qu’elle veut, ensuite je l’accompagne autour d’éléments visuels afin qu’elle puisse diriger son projet. Cela me permet de découvrir son univers et d’essayer de m’y rapprocher un maximum.
Après il y a la phase de préparation, comme on dit l’appareil photo ne fait pas magie (rires). Il y est important de se préparer physiquement et psychologiquement à cet événement, cela se ressent sur les photos et souvent les rendent plus belles. Mon message à travers mon art est de s’aimer tel que l’on est, tout est déjà en nous!
Comment as-tu pu professionnaliser ta passion ?Comment es tu passé passer au niveau supérieur avec la photographie ?
C’est une bonne question, car lorsque l’on me demande comment je fais pour travailler autant je réponds que je suis vraiment passionnée non carriériste. Le fait de proposer aux afro-descendants la possibilité de pouvoir réaliser leur projet autour de la photo tout en respectant qui ils sont est pour moi ce plus. J’explore ma passion pour ma culture tout en proposant un produit aux autres.
Plus globalement, le fait d’avoir trouvé un fil conducteur à travers mes activités, d’avoir pu faire le pont entre un message fort qui m’anime et une activité qui me fait le plus grand bien et en plus de tout ça, d’être reconnue pour cela m’a poussé dans cette direction. Il faut avant tout s’écouter.
Je pense que je me suis trouvée au bon endroit au bon moment, à l’époque je m’intéressais beaucoup à la littérature dans l’idée de devenir journaliste. Ensuite j’ai pratiqué l’art et le fait de pouvoir m’exprimer à travers mes photos m’a libéré.
As-tu été confronté à certains obstacles à travers ce chemin? As-tu des conseils pour celles qui sont prêtes à sauter le pas?
Oui, pendant longtemps j’ai eu du mal à me définir en tant que photographe. N’ayant pas fait d’école, n’ayant pas de titre officiel, étant une femme, étant noire, je me disais oui tu fais des photos mais tu n’es pas photographe car tu ne corresponds pas au standard des photographes que l’on voit d’habitude autrement dit des hommes blanc qui voyagent à travers le monde pour nous montrer ce qui s’y passe.
Avec le temps, j’ai déconstruit ce mythe créer dans ma tête, en me disant que même si j’ai choisi de commencer par photographier ce qu’il y autour de moi, même si je n’ai pas de diplôme et bien je suis photographe et artiste car j’utilise ce moyen pour m’exprimer, pour militer et surtout pour partager ma vision du monde avec les autres.
Mon conseil est croyez en vous, croyez en ce que vous êtes, n’attendez surtout pas qu’on valide ce que vous faites ni qui vous êtes, c’est la clé du succès!
© Ashley Moponda
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