La beauté. Que représente-t-elle à nos yeux ?
Quelle en a était notre idée ? Comment la définissons-nous actuellement ?
Le concept de beauté est lié à l’image de soi et peut avoir des effets dévastateurs comme libérateurs sur notre bien-être général. S’interroger véritablement sur nos préconceptions, nos idées passées comme présentes semble ainsi nécessaire.
Personnellement, enfant comme adolescente, l’archétype de la beauté avait le teint clair, plus le teint était clair mieux c’était, les cheveux longs, lisses, voir bouclés, les traits dits « fins » c’est-à-dire, un nez allongé et une bouche fine.
Ayant grandi en Afrique et en Europe mon premier long séjour hors de ces terres en tant que jeune fille fut en Inde. Etonnamment, ou pas, au sein de ce nouvel environnement les mêmes standards prédominaient et paraissaient d’autant plus omniprésent.
De quoi parle-t-on ?
Je me suis très vite interrogé sur l’origine de ces standards qui me semblaient omniprésents. Les intellectuels étaient unanimes, il s’agissait de séquelles psychologiques de l’entreprise coloniale.
Le médecin psychiatre et écrivain Frantz Fanon s’est penché sur le phénomène, dans l’ouvrage Peau noire, masques blancs. A travers ces recherches, il conclut que le peuple colonisé a fini par intégrer des discours de stigmatisation, le sentiment d’être inférieur et « par mépriser sa culture, sa langue, son peuple, il ne veut plus alors qu’imiter, ressembler au colonisateur. » Ces normes ont ainsi été imposées par l’histoire coloniale dès le 15è siècle.
Faire des recherches, acquérir un certain niveau de compréhension permet de s’affranchir d’un idéal, d’un héritage transmis. Dans une approche de dialogue, j’ai voulu transmettre cette connaissance auprès de mon environnement premier. Parfois les réactions furent ouvertes et l’échange possible. D’autres réactions furent claires, « les Européens n’y sont pour rien depuis toujours les femmes claires et ayant traits dits – fins – sont les plus prisées »
C’est là que j’ai décidé d’approfondir mes recherches.
Quels sont les origines de ce phénomène ?
En Afrique subsaharienne
À partir du XVIIe, les Européens, « guidés par les principes de la physiognomonie, voient dans la forme du visage, encore plus que dans sa couleur, l’élément révélateur du caractère de l’homme. Plus l’Africain s’éloignait par sa couleur et ses traits faciaux du type “négro ïde” — plus il se rapprochait de l’Européen —, plus ce dernier le jugeait de caractère noble. Cette façon de penser se retrouve fréquemment dans la littérature du temps »
— Extrait de «COHEN, W. C.1981 Français et Africains. Les Noirs dans le regard des Blancs, 1530-1880, Paris, Gallimard (« Bibliothèque des histoires »).
Beauté et humanité
« Mais il s’agit beaucoup plus que d’une simple opposition esthétique. Ce qui est en jeu dans l’imaginaire occidental, c’est l’affectation implicite d’un degré d’humanité différent ou, pour être plus exact, d’une dignité variable dans l’animalité, selon la proximité morphologique par rapport aux traits européens.
Ainsi, la « Peule »* n’est pas considérée comme vraiment « noire ». Elle se dégage de la quasi-animalité pour tendre vers la para-humanité. »
— Extrait de « SALVAING, B.1980 L’image du noir chez les missionnaires et les voyageurs (1841-1891), Thèse de doctorat de 3e cycle, Paris, Université Paris VII
Pourquoi cela à son importance ?
Nous l’avons vu l’histoire des standards de beauté actuels est associée au concept d’humanité. La beauté est indissociable de la dignité, l’estime de soi, et la confiance en soi. Elle influence également le respect mutuel et l’image qu’on a de l’autre.
S’affirmer, s’aimer soi-même c’est être libre et en accord avec soi. La liberté est un processus qui s’acquiert à travers l’éducation ou le dialogue par exemple. Mais, il s’agit avant tout d’un cheminement demandant de faire preuve d’un esprit critique et de beaucoup de bienveillance.
Alors, qu’en est-il de la beauté et vous? Que ce soient les caractéristiques physiques, les traits du visage, le teint, le corps, la taille, le caractère.
Qu’en est-il de vos critères de beauté ? Comment vous vous représentez le beau ? Pourquoi ? Que signifie la beauté pour vous ? Comment vous vous réappropriez ce concept ?
Comment réclamez-vous votre liberté ?
Sources
https://www.cairn.info/magazine-sciences-humaines-2012-1-page-28.htm
https://journals.openedition.org/etudesafricaines/15292#tocto2n7
* « Peuls ou Foulbés, n. m. pl. Peuple musulman de l’Afrique occidentale, pasteurs semi-nomades, nombreux en Guinée et au Mali. Venus sans doute du Sahara en cours de dessèchement, ils se mêlèrent aux populations indigènes et s’établirent politiquement au Sénégal dans le Fouta-Djalon (XVIIe siècle), au Macina (XIVe siècle), au Nigeria intérieur et au nord du Cameroun (XVIIIe siècle).
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